Inclusiel

femmes et hommes se tenant la main

Racisme et recrutement

Combien de fois ai-je entendu : « Le racisme ? Pas dans le recrutement. Nous, on juge les compétences, le savoir-être. »
Si seulement c’était vrai.

J’ai passé huit ans dans ce monde — complexe, subtil, parfois brutal — du recrutement. Et le racisme, je l’ai vu. Je l’ai entendu. Je l’ai combattu.

Mais le racisme, dans ce milieu, ne prend pas toujours la forme qu’on imagine.
Pas d’insultes. Pas de violences.
Non, ici, il est feutré, poli, presque banal.

C’est un CV écarté parce que le nom de famille « ne sonne pas assez français ».
C’est une moue au téléphone dès qu’un accent trahit une origine.
C’est une remarque après un entretien : « Ah, elle habite là-bas ?… »
Résultat : ces candidat·es ne seront jamais rappelé·es.

Et puis il y a ces phrases, entendues trop souvent :
« On ne va pas la recruter, son nom est trop compliqué à écrire. »
« Si on embauche un tel, on va devoir recruter toute sa famille. »
« C’était pour rire. » (Non, ce ne l’est pas.)

Le racisme est là. Partout.
Chez les directeurs d’agence, les chargé·es de recrutement, les commerciaux, les clients.
Dans les services RH qui refusent un CV… puis l’acceptent une fois le nom changé.
Dans les silences gênés quand la candidate racisée apparaît à l’écran.

Alors oui, il faut en parler. Sans détour, sans complaisance.
Vous en êtes témoin ? Dénoncez-le.
Vous en êtes victime ? Ne vous taisez pas.

Aujourd’hui, je continue ce combat à travers mes formations, mes conférences, mes écrits.
Parce qu’on ne peut plus détourner le regard.
Parce que chaque remarque, chaque refus injustifié, chaque sourire gêné, détruit des parcours, brise des carrières, éteint des vocations.

Le racisme dans le recrutement existe.
Et tant qu’il existera, je continuerai à le nommer.

Sarah.